Ambiance série noire
Le petit texte qui suit a été rédigé par un élève de seconde suite à la visite de l'exposition Willy Ronis au Chateau de Tours. La photo a servi de source d'inspiration à cette ambiance "Série noire"...
Le brouillard commençait déjà à s'installer, alors que j'allais chercher mon dernier client. Cette journée avait été longue mais elle allait bientôt s'achever. Mon client m'avait indiqué qu'il serait à la hauteur du numéro 27 de la rue Muller, dans le quartier Montmartre. C'était un de mes quartiers préférés : le point le plus haut de Paris qui s'étendait le long de la Seine et jusqu’où portait le regard les jours de beau temps. Dans cette nuit d'hiver, les piétons se faisaient rares. Soit ils marchaient vite pour éviter d'être trop mouillés par la légère bruine qui tombait, soit ils avançaient gaiement en sifflotant, contents d'avoir fini leur journée de travail. J'arrivai enfin au lieu de rendez-vous ; mon client était là. C'était un homme barbu, grand et fin, vêtu d'un long manteau qui lui descendait jusqu'aux genoux. Un haut de forme recouvrait sa tête et dans sa main, une canne. J'arrivais à sa hauteur, lançant par la fenêtre :
- B'soir msieu rentrez vite il fait froid dehors ! Alors, je vous emmène où ?
- Bonsoir, amenez-moi au 18 de la rue du Commerce, quartier Grenelle s'il vous plaît.
- Très bien, allons-y."
Nous nous dirigions vers en direction de Grenelle. Au bout de quelques minutes je me rendis compte qu'une voiture noire avec deux passagers à bord nous suivait. Vu l'heure, la circulation était moindre, il était donc facile de s'en rendre compte .
« Msieur, je crois que nous sommes suivis. »
Il me répondit aussitôt d’un air inquiet :
« Semez-les, ils sont venus pour moi. J’arrondirai la course. »
Je m’étais donc mis à rouler très vite. Je prenais les virages très serrés pour les distancer mais ils étaient toujours sur nos talons. Grâce à mes trente années de métier et a la parfaite connaissance des rues de Paris, la ville n’avait presque plus de secrets pour moi. Je m’engageais dans des rues de plus en plus étroites pour les semer. Nous foncions à une folle allure, essayant d’être imprévisibles aux intersections et les pneus crissaient... Mais la voiture était toujours derrière nous. Au bout d’une dizaine de minutes, nous allions passer une ligne de tramway. À cause de la brume et de la nuit j’avais eu du mal à l’apercevoir, une rame sortie de nulle part me surprit. Je roulais trop vite. Je n’eus pas le temps de freiner...